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Sport, enfants et futurs champions : restons cools !!

    Alors que les forums des associations sportives vont s’ouvrir ces prochains week end, c’est peut-être pour vous le grand moment de l’inscription au sport pour votre.vos enfant.s. Et notamment après la folie des jeux olympiques, je pense qu’il y a pas mal de choses à dire ou à rappeler aux parents, et aux entraîneurs. Avec +10 ans d’expérience en tant que maman d’enfants sportifs, voici ce que j’ai appris, parfois à mes dépends. 

    1/ Votre enfant ne sera probablement PAS champion du monde

    Calmons nous tout de suite sur les ambitions sportives de nos enfants. Et ne choisissons pas uniquement le club pour ses « résultats ». J’ai déjà fait l’expérience : ça ne fonctionne pas. 

    Si vous mettez votre enfant dans un club ultra dur parce que vous pensez que votre fiston nage bien et qu’il mérite un club classé national … Non !! 

    Le plus important : c’est le FUN. Le fun, le fun, le fun. 

    Si votre enfant ne s’amuse pas, de joue pas, ne rigole pas, n’a pas un bon contact avec l’entraîneur, ne se fait pas des amis dans son sport : il n’aimera pas. Même s’il est bon au départ. Il aura envie d’arrêter et ne progressera plus.

    2/ Privilégiez le jeu

    Vérifiez que l’entraînement comporte une bonne part de jeu !! Même pour les ados !!

    Ceci est d’ailleurs un message aux entraîneurs. La priorité pour les enfants doit être le jeu, le plaisir, l’envie de revenir à l’entraînement suivant. Si vous n’êtes pas là dedans, moi je récupère ensuite des adultes full démotivés, zéro confiance en eux qui pensent qu’ils sont nuls en sport et pas faits pour ça … Ou qui ne pensent au sport qu’en fonction de leur « performance » par rapport aux autres, sans dimension plaisir. 

    3/  La plupart des champions du monde ont fait d’autres sports pendant leur enfance. 

    Très peu de joueurs NBA ont fait du basket haut niveau enfants. D’ailleurs ils n’avaient pas le physique de basketteur à 10 ans. Pareil pour les boxeurs, les nageurs, les cyclistes … La majorité des grands champions faisaient un autre sport pendant leur enfance. 

    J’ai des dizaines d’exemple. Et les dernières études montrent que les 1er niveaux internationaux s’obtiennent en moyenne vers l’âge de 22 ans. Soit 6 ans en moyenne après l’hyper spécialisation.

    Jazz Carlin – double médaillé d’or olympique sur 400m & 800m nage libre à Rio, faisait du basketball, de l’athlétisme et de la natation jusqu’à 15 ans. C’est à 16 ans seulement qu’elle a décidé de se spécialiser en natation. Elle a été championne vers 25 ans

    Saby Rappeli – championne du monde de swimrun 2024 à l’âge de 30 ans – a pratiqué la gymnastique aux agrès toute son enfance. 

    Lance Armstrong – cycliste de renommée mondiale – était nageur, puis triathlète pendant son enfance et son adolescence. 

    Léon Marchand n’a décidé de faire de la natation son métier qu’à 17 ans

    Cassandre Beaugrand était avant tout une runneuse avant de devenir triathlète 

    Cyril Gane – champion de MMA – a fait du football et du basket localement, avant de découvrir les sports de combat à 24 ans ! 

    swim world 2023

    3/ Pas d’hyper spécialisation avant 16 ans

    Si votre enfant est bon dans un sport vers 8-11 ans : tant mieux. Mais ne le soûlez pas avec la performance. Qu’il fasse des compétitions : super, qu’il gagne : super. Mais cela ne dit en rien qu’il sera champion du monde à 25 ans. En rien ! Au contraire. Les enfants qui s’hyperspécialisent avant 16 ans ont beaucoup de risque d’être dégoûtés de leur sport unique. C’est très très fréquent. Le ras le bol du sport de compétition à 14-15 ans est légion !! Préparez vous à ça en tant que parents !! 

    Donc maintenez-leur des pratiques diverses pour développer plusieurs capacités physiques en même temps. Et laissez les changer de sport à 14-15 ans s’ils le souhaitent. Ce n’est pas « dommage », ils ne perdent rien. Ils vont transférer très vite leurs capacités physiques et mentales dans un autre sport qui leur plait. Notre but en tant que parent, est de les maintenir dans une relation positive au sport.

    S’ils ont envie de devenir champions : ils le décideront. Laissez leur la porte ouverte, mais ne les forcez pas. Les efforts à faire pour devenir champions sont tellement énormes qu’ils ne peuvent venir que d’eux. Pas de leurs parents. 

    4/ La croissance tardive est un facteur de réussite dans le sport de haut niveau 

    Entre 11 et 15 ans, les enfants peuvent avoir d’énormes différences physiques. Certains jeunes ados sont formés hormonalement très tôt et donc développent une grande puissance à 12-13 ans malgré une technique pas toujours parfaite. Mais ils peuvent tout à fait se faire « rattraper » à l’âge de 15-17 ans par des ados qui font leur puberté bien plus tard et développent soudainement une immense puissance insoupçonnée.

    Pourquoi la croissance tardive est-elle un facteur favorisant des champions ? Les chercheurs pensent que les enfants plus frêles à l’adolescence développent des stratégies intéressantes pour rester au niveau des plus formés. Meilleure technique, meilleur mental plus résilient quant à l’échec, l’habitude de travailler plus dur pour obtenir malgré tout un niveau inférieur aux autres, amour plus fort pour le sport plus que pour la gagne… 

    Cette donnée confirme encore une fois qu’une hyper spécialisation avant 16 ans est souvent contre productive. 

    Et si votre enfant a un niveau national à 10-12 ans, ce qui est fabuleux !! Expliquez lui que ça ne durera peut-être pas toujours, qu’il doit continuer à aimer son sport et à s’entraîner à fond s’il souhaite continuer à ce niveau. Et à ne pas vivre uniquement pour ce sport. Que d’autres choses sont possibles. D’autres sports, d’autres carrières. Ouvrez le !

    Et bien sûr de la nuance : ça dépend des sports. La gymnastique à haut niveau est souvent proposé à de très jeunes filles, mais là aussi c’est peut être entrain de changer. Donc restons ouverts, et cools !

    4/ Proposez la compétition mais sans forcer

    Oui une expérience de compétition ou de représentation en public est une échéance importante et formatrice pour l’enfance. Je pense que c’est vraiment bien de les emmener, de les soutenir, de les encourager… Mais si vous sentez que votre enfant déteste après 2 – 3 compétitions : ne forcez pas trop. 

    Peut être que son entraîneur a mis la pression ? Peut-être que les autres enfants du club ont mis la pression ? Peut être que vous parents, avez mis la pression ? Ou d’autres parents ?

    Soyez dans l’amusement, le plaisir de faire du sport dans une atmosphère compétitive. Et donnez l’exemple !! 

    Vous aussi participez à des compétitions de quartier, de votre club, faites venir vos enfants pour vous encourager. Ils verront que vous prenez du plaisir même si vous n’êtes pas sur le podium ! 

    Bref, le sport dans l’enfance a surtout pour objectif de former des futurs adultes sportifs, qui aimeront le sport à vie, qui seront à l’aise et ouvert dans plein de sport et plein de situations sportives. 

    5/ Le fun !

    Et pour terminer, un peu comme les professionnels de l’immobilier et leur règle de l’emplacement, je dirai que pour le sport enfant, et la fabrique des futurs champions, les 3 grandes règles sont : 

    • le fun 
    • Le fun 
    • Le FUN ! 

    13 commentaires sur “Sport, enfants et futurs champions : restons cools !!”

    1. Bonjour Lucille. Ah le dilemme de les laisser choisir, arrêter et en même temps leur apprendre que le plaisir du sport comme de la musique c’est aussi la persévérance. que penses-tu des enfants qui changent tous les ans ?
      De mes 5 enfants, j’ai tout eu : celle qui passe du judo au badminton, 2 forcenés de tennis (dont l’un est passé à 22 ans à l’escalade en plus), celui qui quitte le tennis pour le foot, et enfin le dernier au ping-pong pour ne pas se mettre la pression au tennis par peur de la comparaison. mais tous avec le plaisir de jouer ensemble à la balle, petite ou grande, notamment avec leur père. et depuis que je me suis mise à la course à pied, ils s’inscrivent à des courses pour être avec moi et c’est top. SPORT = FUN = Confiance en soi

    2. Super message à véhiculer! J’ai eu la chance de faire plusieurs sports différents petite, mes sœurs aussi. Aucune n’est devenu championne, mais forcé de constater que nous sommes resté toutes les trois sportives malgré quelques années de « pause » durant l’adolescence. Période cruciale où le corps change, et où il est difficile de le montrer ou de le mettre en compétition, mais le côté fun dont tu parles prends tout son sens à ce moment là!!
      Bouger pour le plaisir et le bien-être physique et mental que cela procure, pas pour le poids ni les médailles! Car 99% d’entre nous ne sera jamais sportif de haut niveau, n’empêche que le sport est indispensable à 100% des êtres humains.

    3. Cette notion de fun est totalement vraie, indispensable et effectivement parfois totalement oubliée ! J’ai l’exemple de mon fils, pour qui, quand il était petit, l’apprentissage d’un sport était compliqué par un trouble de la coordination. On a trouvé un club de judo topissime qui mettait justement le « plaisir » au centre de tout ! Résultat : mon fils a adoré le judo malgré les difficultés qu’il pouvait avoir au début. Il y avait des compét’ proposées mais jamais obligatoires. Il a fait du judo plusieurs années, puis a découvert le VTT, qui est maintenant « son » sport.

    4. Merci Lucille pour cette newsletter qui arrive à Pic. Après 2 ans de foot en U11, mon fils a fait son entrée en U13 sans ses copains et avec un nouveau coach. Je les senti se refermer complètement, ne pas prendre de plaisir et avoir des angoisses au point d’avoir des nausées. Il ne se sentait clairement pas a l’aise. De plus aucun coéquipiers n’est venu vers lui ni même son coach, qui l’a vu plusieurs fois sortir du terrain car il se sentait pas bien. Il arrête donc le foot et va commencer le basket avec un copain a lui. Il est d’ailleurs très impatients et j’ai hâte qu’il découvre ce nouveau sport.

      1. Il est arrivé exactement la même chose à mon fils. Après 6 ans de foot, sorte de ras le bol et moins d’ambiance. Il est passé à l’athlétisme où il s’éclate avec un coach très fun et un groupe ultra soudé !

    5. Super ce papier !
      Mon fils, sous l’influence de ces petits camarades de 7 ans, veut faire du foot en club, 1h45 d’entraînement le mardi soir, pas rentré avant 20h à la maison, plus entraînement et ou match le samedi matin, je trouve cela intense, qu’en penses tu Lucile ?
      Alors pour le moment le sport c’est en famille, rando, vélo, foot, piscine les weekends et ça fait le taf.
      Je craint en effet que ça le dégoûte.
      Mon grand en a fait l’expérience avec le Taekwondo commencé à 5 ans, et à 9 ans il a dit stop, et puis plus rien.

      1. pas du tout intense, let’s go !! Le foot c’est top et les matchs de foot plateau le samedi : c’est la vie !! Go

    6. bonjour Lucile,
      Merci pour cet article, intéressant.
      effectivement, nos enfants/ados doivent prendre du plaisir dans la pratique sportive.
      laissons-les aussi découvrir de nouveaux sports et pourquoi pas pratiquer un sport avec eux.
      ce sont des moments précieux d’échanges.
      mon ado fait de l’athlétisme et de l’équitation et ma petite de l’athlétisme et du taekwondo.
      quand à moi de la marche nordique et du running.
      nous nous soutenons et parlons de nos scéances. C’est est agréable et nous apporte des sujets de discussion tous ensemble.
      bonne journée.
      cordialement
      Nathalie

    7. Merci pour ce beau message. Ca me parle beaucoup car j’ai un fils de 17 ans qui fait du kayak depuis 7 ans et qui est très mordu. Il est en pôle depuis 4 ans déjà et a eu beaucoup d’échecs. Mais il s’accroche et a choisi de quitter la maison pour faire sport-études. Si je suis complètement consciente de tout ce que cela lui a apporté (de très belles amitiés avec ses coéquipiers de kayak, un apprentissage de l’échec et de la frustration, le goût de l’effort), je lui rappelle souvent que le principal est qu’il prenne du PLAISIR ! D’ailleurs, cette année de terminale il a décidé de se mettre moins la pression pour les échéances sportives mais il continue à s’éclater dans son sport : c’est l’essentiel.

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