Sur mon application Lucile Woodward Expérience Club, je propose désormais la connexion à certaines de vos montres de sport pour le suivi des cardio fractionnés.
Depuis cette fonctionnalité, j’ai reçu plein de questions des membres sur le bien fondé des données -parfois très intimes- que proposent ces mêmes montres.
- Suivi de récupération. « Ma montre me dit que je suis trop fatiguée pour m’entraîner, qu-‘est ce que je fais. » ou encore « ma montre me dit que mes entraînements sont trop coolss et que je suis en phase de récupération » …
- Qualité du sommeil, « ma montre me dit que j’ai super bien dormi alors que je me sens super fatiguée depuis 2 semaines » ou « ma montre me dit que je n’ai pas assez de sommeil profond, est-ce que tu aurais des tips pour augmenter ça ? »
- quantité de stress, analyses de l’entraînement de natation, swolf, de la foulée …
Je pense qu’il faut un peu s’en détacher. Et dites vous toujours une chose : votre montre ne pourra jamais décider à votre place de si vous vous êtes bien entraîné / assez poussé / assez récupéré …
Autant j’adore ma montre, autant je ne regarde aucun « commentaires » qu’elle me fait. D’ailleurs depuis 2 mois presque, elle me dit que je suis en mode « maintient » ou « récupération ». Parce qu’elle n’intègre pas du tout bien le cardio croisé et le renforcement musculaire. Donc les séances qui ne sont pas de la course à pied ne comptent pas vraiment dans son analyse… Alors que je me sens bien, je progresse en vitesse et je sens mes techniques de nage ou de course à pied bien s’améliorer.

Lien satellites
Ces montres sont à la base des calculateurs GPS. C’est à dire qu’elles sont reliées à des satellites pour vous donner en direct : distance et vitesse dans votre sport. Point. Sur cette technologie ok, on peut dire qu’à 5-10% près elles sont bien fiables.
SAUF ! Sauf qu’en natation piscine par exemple elles sont assez nulles. Toutes. Je n’ai pas honte de le dire. Et elles calculent très mal ou pas du tout les longueurs d’éducatifs qu’on fait tous dès lors qu’on nage sérieusement.
En nage en eau libre ça dépend, c’est parfois un peu déceptif. La Coros Vertix 2 que j’ai est très bonne. Mais dès qu’on passe en swimrun c’est la cata. Et il y a plein d’autres exemples assez moyens notamment liés à l’eau vive.
Donc imaginez que votre montre DE SPORT n’est déjà pas capable de faire la différence entre de la nage en mer ou du trail en montagne. Alors comment votre montre pourrait-elle savoir si vous êtes à 80% de récupération ou 95% de récupération ?
Si votre enfant a été malade cette nuit ? Si vous avez pensé à un dossier important toute la nuit ? Si vous n’avez pas mangé assez de magnésium, sélénium, zinc ces 3 dernières semaines ? Si vous kiffez la lumière du soleil de ce début de printemps et que vous vous sentez en forme olympique ?
Analyses robotisées
Vos montres sont des ordinateurs. Des robots. Des objets connectés. Qui captent plus ou moins bien certaines données. Et qui vous transmettent des analyses robotisées sur un très faible nombre de data souvent mal enregistrées.
Alors que votre corps est un génie psycho-biologique d’une performance inégalée jusqu’ici dans le système solaire. Aucun ordinateur ne pourra jamais prédire quelconque de vos ressentis.
Aussi : prenez vos montres pour ce qu’elles sont. Des calculateurs GPS. Des capteurs de fréquence-cardiaque au poignet (tout à fait sous optimal comme lieu de captation). Des capteurs de position verticale/horizontale de votre avant-bras.
Et avec ça : l’application de votre montre offre une compilation algorithmique de ces données pour vous donner un petit démarrage de tendance objective.
C’est tout !!!
Je pense que dernièrement on donne beaucoup trop d’importance à tous ces calculs de montre. Et même si c’est bien pour contrôler sa vitesse : il faut avant tout savoir s’écouter. Parfois on est crevé et on fait un entrainement « pourri » en vitesse. Mais on donne tout physiquement. Car on n’a rien de plus, il faisait moche, froid, rien n’allait… Votre montre vous dira que vous n’étiez pas au top. Pourtant cette séance comptera triple dans votre mental ! Dans 3-4 semaines quand vous vous sentirez mieux, que la météo sera plus clémente : vous ferez un gros progrès « d’un coup »…
Et parfois c’est l’inverse : on est en top forme et on cartonne son fractionné facilement sur les vitesses données alors qu’en fait on aurait pu aller encore plus vite… on s’est freiné pour rien au final.
Donc oui les montres sont chouettes. Mais calmons le jeu sur leurs données. Votre ressenti est plus fort que tout.
D’ailleurs je me rappelle d’une brève conversation que j’avais eu avec Lucie Bidault . Guide de haute montagne à Valloire, elle avait gagné haut la main le Raid des Alizés et remporte presque tous les trails auxquels elle participe !! J’avais pu passer un peu de temps avec elle à Valloire en Janvier 2024, lors d’un court séjour là bas, et l’ai suivi dans ses randos et trails de montagne qu’elle organise.
Lucie ne s’entraîne jamais avec une montre connectée. Elle se pousse au ressenti. « Tiens j’accélère jusqu’à cet arbre » ou « allez la prochaine descente je la fais à fond de tout ce que je peux » ou encore « je vais faire du vtt aujourd’hui car j’ai mal au pied gauche »… Plus forte qu’une montre !!

Vos montres apprennent de vous
Pour finir, sachez que vos montres apprennent de vous. Et non l’inverse. Ces jeunes technologies vous demandent un max de données (votre cycle menstruel, votre ressenti de difficulté d’effort après une activité sportive, votre poids …) pour apprendre au fil des millions de données récoltées sur plusieurs années, à être de plus en plus efficaces. Et peut être que dans 10-15 ans, elles seront un peu plus précises, et deviendront une aide à la médecine intégrative. Mais jusqu’ici c’est quand même très aléatoire.
Un rappel donc, pour prendre encore plus de recul sur ces données. N’obéissez pas à votre montre. C’est votre montre qui vous obéit.
Suivez le plan d’un professionnel de la forme. Suivez vos envies de sport. Suivez vos objectifs et donnez vous en les moyens. MAJORITAIREMENT = restez sur votre ressenti.
Si vous avez un objectif sportif et que vous n’arrivez pas du tout à l’atteindre, c’est sûrement que votre mode de vie autour ne correspond pas. Et votre montre n’y connaît rien !
carpier jacqueline
Comme vous avez raison !! La body batterie de ma Garmin Venu 2S ne cesse de me démoraliser .. J’ai 74 ans , fait du sport au moins 5 fois par semaine , dors entre 7 et 8 heures quasi tout les jours , ne mange que des produits frais , pèse 58 kg pour 1m70 , ne bois pas une goutte d’alcool et pourtant tout ça ne convient pas à cet objet critiqueur qui chaque matin me gratifie ( sauf exception rarissime) d’un score de BB à 50 dans les vraiment meilleurs jours , avec un score de sommeil démoralisant compte tenu de la BB basse ( CQFD) . Dans le même état d’esprit j’ai viré une balance connectée dès réception parce qu’elle me jugeait obèse ayant une masse graisseuse sous cutanée à la limite supérieure de la normale , moi dont l’IMC il y a 7 ans grâce à 18 mois assidus de régime Weight Watchers est passé de 28,5 à 20,1 . C’est sur que face à ses objets il faut savoir garder la tête sur les épaules . Merci en tout cas !!!
J V
Bonjour Lucile, merci pour ce texte honnête et déculpabilisant ! personnellement, après plusieurs années avec ma Garmin au poignet, je l’ai complètement abandonnée (raison un peu triviale; le bracelet a lâché ! et je n’ai rien fait pour le changer). Comme pour la balance d’ailleurs, abandonnée depuis plus d’une dizaine d’année (et tjs les mêmes vêtements, donc oui, on peut se maintenir sans balance). Abandonner ma montre a été une LIBERATION !! Davantage de ressenti, de plaisir dans mes activités, plus de variété aussi, moins de stress de devoir faire telle ou telle fréquence cardiaque, meilleure prise en compte de ma fatigue (et donc de ma récup), et donc au final, plus de performance !! Prenons ces objets pour ce qu’ils sont, des objets !! MERCI
Céline Bourtembourg
Merci 🤩🙏🏻
Carolynn
Top ! Drôle et efficace. Merci pour ce message !