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Pour ne plus jamais avoir peur de courir seule

    Dimanche dernier, lors de mon run, je n’ai vu aucune femme courir dans la forêt.

    Ce matin, pareil. Avec mes copines on était les seules. Alors qu’on a croisé plein de joggers hommes, de promeneurs en couple, de VTT hommes.

    A chaque fois que je pars dans la forêt, je me dis que ça fait quand même un peu peur de courir seule. J’ai d’ailleurs toujours une pensée émue pour les femmes victimes de meurtres et d’agressions lors de leur course à pied. Et oui, je l’avoue, j’ai toujours une pensée craintive pour moi même. Je ne peux pas m’en empêcher.

    Téléphone Chargé et trackeur de course

    La semaine dernière, alors que se déroulait la marche blanche pour Alexia Daval, je suis partie dans ma forêt, toute seule. J’ai d’ailleurs dit à mon mari : je pars juste pour une heure, je serai rentrée à 16h45. Histoire qu’il commence à s’inquiéter vers 17h. Je pars toujours avec mon téléphone bien chargé et avec un trackeur de course que mon mari peut suivre d’ailleurs. Cela me rassure.

    Mais d’un autre côté j’en ai marre. J’en ai marre de flipper quand je pars, alors que mon mari lui : ne flippe jamais quand il part courir à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit pour courir. J’en ai assez de me demander si la prochaine fois j’emporte une bouteille de gaz lacrymo cachée dans ma veste. C’est pénible de flipper à chaque fois que je croise une ombre louche dans la forêt. Et je n’ai plus envie de me dire parfois que si je flippe, est-ce que j’arriverai à semer un agresseur en sprintant un maximum ? …

    Les chemins bien passants

    Alors oui bien sûr il n’y a rien de mieux que de courir à l’air libre. C’est d’ailleurs justement ce sentiment de liberté que je préfère dans la course à pied. Mais en même temps des pensées craintives me suivent un peu tout le temps tout au long de mon run.

    Peut-être que si l’on était plus nombreux à sortir faire du sport – surtout en hiver – on aurait moins de craintes ? Parce que je ne flippe pas quand je vois des sportifs me croiser sur un chemin. Au contraire, j’emprunte plutôt ces endroits là, où il y a du passage et où je me sens soutenue dans ma démarche.

    Soyons encore plus nombreux(ses) à courir

    Mon message au final, c’est de ne surtout pas céder à la peur et à la violence. On court. On a le droit de faire du sport en forêt sur les chemins, en ville, dans les ruelles, dans les parcs à la tombée de la nuit. Partout. Et c’est justement en étant toujours de plus en plus nombreuses à pratiquer que nous serons plus fortes et nous sentirons moins menacées.

    Alors non. Pas de lacrymo, pas de sprint, ni de chien de défense. Juste un encouragement à aller courir encore plus dehors. Seules, à plusieurs, en couple, comme vous êtes. Une immense union de sportif et moins sportifs, qui se soutiennent et se rassurent dans l’anonymat. Pas besoin de courir tous les jours mais plutôt courir ensemble pour se soutenir et passer un moment plus agréable.

    Le Dimanche 3 Novembre, j’ai couru pour Alexia. Et aujourd’hui je cours pour toutes les femmes victimes d’agression lors de leurs sorties en outdoor. Et je continuerai à les porter dans mon coeur et dans mes jambes, à chacun de mes run. Et j’espère que vous en faites autant. Nous ne les oublions pas. Nous ne les oublierons jamais.

    5 commentaires sur “Pour ne plus jamais avoir peur de courir seule”

    1. Bonjour Lucile
      Il est très rare que je commente un article mais là, je me sens tout particulièrement concernée.
      J’ai arrêté de courir seule depuis quelques mois, car j’habite à Marseille, et on va dire que c’est pas la ville la plus sure du monde. J’en ai eu marre de devoir sortir avec l’angoisse au ventre. Mon chéri était toujours en train de stresser qu’il m’arrive quelque chose ce qui ne m’encourageait pas, et au final je n’arrivais pas à courir détendu. Je précise que me suis faite agressée il y a quelques années dans le centre ville, ce qui me rends encore plus méfiante aujourd’hui. Si j’ai envie de courir je propose toujours à une copine de venir avec moi sinon je me rabat sur du renforcement musculaire à la maison, de l’aquabiking avec ma sœur, où d’autres activités sportives.
      En écrivant se message je me rends compte à quel point dans notre société actuelle les femmes ne sont toujours pas libre de faire ce quelle souhaite.

    2. Bonsoir Lucile,
      Je commente rarement mais ce soir, ton message me touche particulièrement. Lundi alors que j’étais partie courir, un homme en vélo s’est permis de me toucher le sein en passant à côté de moi. Et alors que je faisais demi-tour, il est revenu vers moi et à tenté de me toucher les fesses. Heureusement j’ai réussi à me décaler suffisamment pour que sa main me frôle juste. Je me suis sentie tellement impuissante à ce moment-là. Le pire c’est que je n’ai rien osé dire par peur qu’il me frappe ou pire. J’étais tellement sidérée. Malgré cet événement, je suis ressortie le lendemain. Alors certes avec la boule au ventre et en me retournant à plusieurs reprises mais je ne veux surtout pas céder à la peur. Je veux continuer à aller marcher, courir, pour Alexia, et toutes celles qui ne le peuvent plus. Effectivement on ne les oubliera jamais.

    3. Coucou Lucile, coucou tout le monde!
      Je cours et je cours toujours seule. Autour de moi, on me demande souvent si je n’ai pas peur? Oui , Lucile, moi aussi, je me tiens sur mes gardes. Je dis où je vais et je vais où j’ai dit! Téléphone chargé, musique en sourdine voire pas de musique mais les écouteurs dans les oreilles, pour ne pas répondre aux commentaires désobligeants et toujours répondre aux encouragements! Je regarde devant et je regarde derrière! Et je m’écoute quand j’ai un pressentiment, toujours, Je fais demi tour, Le ridicule ne tue pas lui!
      Toujours une pensée pour celles qui ne sont pas rentrées.
      Bon run à toutes!

    4. Merci infiniment Lucile pour ces mots, c’est exactement ce que je ressens. Cela fait des années que je suis surprise de ne croiser aucune femme pendant mes sorties running nocturnes, en plein lotissements passants donc sans risques. En forêt, moi-même je n’y vais pas seule, toujours avec mon homme ou mon fils, même aux heures de « pointe » où l’on doit slalomer entre les poussettes et les toutous, car il y a toujours des passages moins fréquentés. Magie d’une avec un faon, un jour, là c’était lui qui avait peur 😉

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